
Pourquoi pratiquer dans le noir ?
Pendant longtemps, la chambre de mon fils était très proche de la mienne et il ne voulait pas que je ferme la porte. Le soir, je le couchais et j’éteignais toutes les lumières. Je m’asseyais ou me couchais en attendant qu’il s’endorme pour commencer à pratiquer les postures de relaxation comme Sarvangasana, Sethu Bandha Sarvangasana, Viparita Karani et autres…
Souvent, je me laissais aussi bercer par Morphée et parfois ma pratique du soir passait à la trappe. J’ai commencé à pratiquer dans le noir en attendant qu’il s’endorme. Ce n’était pas une pratique intense et je ne faisais pas beaucoup de bruit sinon celui des couvertures qui glissent et des sangles qui cliquètent.
Cette expérience, je l’ai renouvelée plusieurs fois. Au début je la trouvais un peu perturbante et puis j’ai trouvé que cela apportait une autre qualité à la pratique du yoga.
Les yeux s’habituent très vite à la pénombre et lorsqu’on n’y voit vraiment rien, on développe sa sensibilité de manière à pouvoir s’adapter à la situation. On cherche à tâtons. En touchant, on se rend compte de la matière des éléments qui nous entourent d’une manière plus exacerbée. On se découvre un toucher différent, plus conscient.
Pratiquer dans le noir met nos sens en exergue, tout prend une ampleur différente. Notre pratique gagne en qualité même si nous ne pratiquons que des asanas de repos et de récupération. Nos yeux se relâchent. Toujours soumis à cette lumière artificielle très agressive, c’est aussi une manière pour eux de pratiquer un yoga des yeux.
Cela donne aussi un côté poétique à la pratique. Développe une sensibilité différente qui éclaire nos mouvements et nos postures de l’intérieur.
J’ai vraiment l’impression de déconnecter la prise de l’information continue et du streaming pour me brancher à ma propre énergie. Sensation agréable et particulière.
Depuis ces expériences de yoga dans la pénombre, je n’allume plus les lampes pour tout et n’importe quoi. Le matin, au réveil, j’attends d’être bien réveillée pour relever l’interrupteur. Je laisse du temps à ma vision de s’accoutumer avant de l’agresser directement avec une lumière artificielle.
Des études de la Commission Européenne nous rassurent en nous disant que les lampes d’aujourd’hui ne sont pas un danger pour la santé et la vue, pourtant sur le site de science et vie on lit ceci :
« On sait moins que passer de trop nombreuses heures devant les écrans contribue aussi à détériorer notre vision. A tel point que les spécialistes prévoient une hausse des troubles de réfraction (myopie, presbytie) de près de 14 % d’ici vingt ans ! »
Vous pouvez trouver l’article sur ce sujet en cliquant sur le lien.
En hiver, on passe beaucoup trop d’heures sous les lampes artificielles et les yeux travaillent de longues heures sur des points précis. Ce qui n’est pas forcément très naturel pour l’œil. Nos ancêtres ne passaient-ils pas des heures à scruter l’horizon. Ils n’étaient pas dans ce travail incessant de l’œil qui se force à zoomer sur un détail précis pendant des heures et des heures. Si vous décollez votre vision de votre ordinateur ou votre smartphone maintenant et que vous regardez ailleurs en élargissant le champ de vue, vous remarquerez que tout autour de l’œil et dans l’œil une certaine sensation de détente. Au cours de yoga, le professeur nous dit souvent à la fin des exercices d’ouvrir les yeux et de regarder à partir du fond de l’œil. J’apprécie cet instant. C’est un exercice quasi oublié. Pourtant, il a toute son importance et il est nécessaire de faire partir sa vision du fond de l’œil de temps en temps pour lui donner un peu de repos.
Profitez de cette lecture pour prendre conscience de la pression autour de vos yeux et prenez le temps de vous relâchez, regardez au loin, une colline, une montagne, le ciel. Rêvez et amusez-vous à apprécier les beautés du monde à partir du fond de l’œil.
😉
Ecrit par Letizia Terrana
Crédit photo: Michel Marienfeldt
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